Huile de graines de figue de barbarie : Fabrication
Je vous entends : "concrètement, comment ça se passe?"
Il y a eu deux périodes. Je ne vais pas m'attarder sur la première, à l'heure où vous me lisez, nous avons changé notre mode de fabrication.
Contourner la maladie
Nos figues de barbarie sont récoltées au Maroc. A la main, à maturité, dans les règles de l'art... Mais depuis quelques temps, une maladie frappe tous les figuiers du Maroc. Une sorte de cochenille qui a donné lieu à une interdiction de récolte sur la plupart du territoire marocain.
"Diantre !" me direz-vous. Je vous répondrai que vous parlez drôlement bien et que j'adore vos interjections.
Le fait est que la maladie ne touche pas les hauteurs. Je ne sais pas si c'est pour une histoire de température ou d'oxygène, toujours est-il qu'au-delà d'une certaine hauteur, les figuiers vont bien, les figues sont saines, et les douars croulent sous les fruits sans possibilité d'aller les vendre, bloqués qu'ils sont dans leur village.
Une machine, c'est éthique ou pas ?
Lorsque la question s'était posée la première fois, c'était non, non et NON, CARREMENT PAS !
On s'explique : une machine capable de séparer la pulpe de la graine, on en achète une ou pas ? Et bien la réponse est... non pour la simple et bonne raison qu'en en achetant une, on n'emploie plus les femmes qui séparent la graine de la pulpe, la lave et la font sécher. On se prive de la main d'oeuvre, et donc on ne fournit plus d'emploi... donc à quoi bon ?
Mais cette l'année 2018-19 a marqué un tournant : plus de figue de barbarie, plus de graine, plus de graine plus d'huile, plus d'huile... plus d'huile.
Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue la mission...
Le fait est que dans les hauteurs, après quelques heures de route dangereuse, de virages, de ravin et de sueurs froides, les douars croulent sous les figues de barbarie. Pas de possibilité pour eux d'aller les vendre en ville, en règle générale, ils sont bloqués dans leur village, et là, faire travailler des populations reculées, ça nous parle déjà un peu plus...
Nous avons donc fait l'acquisition d'une machine de guerre capable de séparer la pulpe de la graine de façon mécanique.
Concrètement ?
On met la machine dans la voiture. "On roule on roule on roule" (c'est une spéciale dédicace à mon Cher et Tendre, mais aucune chance qu'il me lise, il connaît l'histoire par coeur... je vous raconterai un jour si vous êtes sages, mais ça n'a plus rien à voir avec l'huile de graines de figues de barbarie). Après quelques heures de virages, de piste, de ravin et de sueurs froides, on arrive dans des douars complètement perdus. Là, on sort l'arme secrète : le mégaphone, et Réda derrière le mégaphone.
Réda, il faudra qu'on vous raconte son histoire, mais mon père est mieux placé que moi pour vous en parler... Réda donc, il sort la tête par la fenêtre, et il crie dans le mégaphone qu'on est là pour les figues de barbarie...
Et la récolte commence
Pour quelques jours, tout le village est en branle. Tout le monde s'y met, une grande équipe voit le jour. Les hommes vont récolter les fruits à flanc de colline, dans les virages et les ravins... et les amènent à la machine. Les graines sont apportées sur les toits d'un riad où elles vivent une première phase de nettoyage et de sèche... au balai... Puis, elles sont remises aux femmes qui les trient, les nettoient méthodiquement et les sèchent, encore...
Tout ce processus est fait manuellement, tout le monde y travaille, et je vous assure que c'est super impressionnant de voir tout le monde s'y mettre de bon coeur.
Quelques photos...
